Arrivée d'Eawy. ~ ouvert

Après de longues heures paraissant interminables, le van semble s'arrêter. Le bruit causé par le véhicule tirant ce dernier se tait et c'est alors que le claquement de porte tant attendu se fait entendre. S'en suivent le son des pas, des pas qui semblent trop lourds pour que ce soit Jazz qui arrive. Alors, les oreilles couchées en arrière, se mêlant presque à mes crins, j'attends patiemment ou pas que quelqu'un daigne ouvrir. Enfin, c'est ce qui arrive. Le pont bien en place, comme je m'y attendais, ce n'est pas Jazzlyn qui vient tenter de me sortir mais un homme grand, costaud et semblant peu commode. Brr. J'ai qu'une envie : me tirer de là. Alors qu'il se risque à venir détacher l'extrémité de la longe, je tente un coup de dents, d'abord dans le vide. Je ne veux pas le blesser, mais je ne veux pas non plus qu'il envahisse mon espace vital ! Il grommelle je ne sais trop quoi, de toute façon : je ne comprends strictement rien à ce qu'il raconte tant il parle rapidement. Lorsqu'il parvient enfin à détacher la longe, il se retourne pour me faire face, me regardant avant de me demander de reculer. Non mais... Il faut pas rêver non plus. - Aller, recule saleté ! Je ronfle des naseaux. Il m'énerve, lui, avec ses choses sur le nez semblable à des œillères et que nous soyons d'accord : il ressemblait plus à une mouche qu'à un humain. Il claque de la langue et fait une légère pression contre mon poitrail tandis que je décide enfin de reculer. Rester dans ce truc, très peu pour moi. Il me fait faire demi-tour, et pour une fois, j'obtempère. Il noue la longe à un anneau d'attache, au van. Ok. Eawy pô contente. Je tire sur la longe en espérant la faire lâcher, mais peu à peu, je prends conscience que c'est peine perdue. Il retire tout le matériel encombrant m'ayant servi pendant le voyage et disparaît pour aller les ranger. J'en profite alors pour enfin jeter un coup d'oeil autour de moi. Wow. C'est réellement grand. L'humain revient, alors que je pousse un hennissement, auquel j'eus bien rapidement une réponse, alors, satisfaite, je regardais l'homme de haut. - Arrête donc de faire ta fière. Je n'ai pas compris un traitre mot. Il vient détacher la longe et me guide tant bien que mal vers.. Les prés. Bon, cet humain remonte dans estime. Mais ce n'est pas pour autant que je me gêne pour prendre un pas énergique, faisant accélérer le gros tas à mes côtés, ronchon. Il se stoppe et tire d'un coup sec en espérant me faire ralentir, juste devant la barrière. Je le toise de haut, le fixant de mon regard vairon. Il ouvre la barrière, assez pour pouvoir nous permettre d'y pénétrer. Je m'amuse ainsi à tirer, lui faisant clairement comprendre qu'il était beaucoup, beaucoup trop lent. Il me retire le licol et me voici déjà partie plein gaz dans le pré, m'arrêtant au bout d'un moment pour me rouler. Cette route m'avait ennuyée, profondément.

Dans un geste vif, je me relève, m'étant aperçue que je n'étais pas seule. Je m'ébroue, et le regarde. Oh, un paint ? Je le vois avancer pour ensuite s'arrêter à une quinzaine de mètres. - Bonjour. lui répondis-je, après l'avoir momentanément observé. Je m'avance un peu, pas trop non plus. Je m'efforce de ne pas paraître froide : nouvelles écuries, nouveaux amis, non ?  

Je le fixe désormais dans les yeux, avec un air plutôt.. Calme. C'est le moins qu'on puisse dire. - Oui, je viens tout juste d'arriver. déclarais-je, indiquant d'un signe de tête le transporteur qui remontait seulement dans son véhicule. J'eus un sourire triomphant, encore un humain qui ne me manquera absolument pas. Ca, c'est sûr. Alors, je reporte mon attention sur mon congénère avant de renchérir avec un : - Moi c'est Eawy, et toi ?

Je me rends compte que je montre peut-être trop d'entrain, alors que je désigne le van qui disparaît peu à peu. Ca peut paraître étrange, en effet. Mais très honnêtement, avoir quitté ce ranch idiot ne me déplaît pas vraiment. L'idée me ravit d'ailleurs. Tandis que l'inconnu face à moi se présente à son tour, je réponds par un signe de tête, les oreilles pointées vers l'avant. Il n'a pas l'air d'être méchant, tant mieux. Puis, il me demande mon âge. - Quatre ans. Je les ai eu il y a quelques mois maintenant. Et toi ?

Lorsque le dénommé Lag répond qu'il est âgé de sept ans, j'avoue me sentir petite. Je penche légèrement la tête sur le côté, avec un air quelque peu intrigué. Il me demande ensuite d'où je viens. Hmm. Cette question là, je n'ai pas très envie d'y répondre. M'enfin, ce n'est pas si grave que ça. - Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas. Et pour te répondre, je viens d'un ranch loin d'ici, auquel ma nouvelle propriétaire m'a achetée, pour une bouchée de pain d'après ce qu'elle dit. Sans doute que mon sale caractère et ma tendance à dégager les humains y avait joué. Mais ça n'était pas de ma faute si ces idiots m'ont foutu une selle et un mors dans la bouche avant même que je ne sache ce que c'était !

Je me calme petit à petit, et je l'écoute attentivement. En somme, nous semblons avoir des passés quasi similaires. Du moins, je crois. - C'était pareil pour moi. Pour eux, j'étais la future jument au gros potentiel promise à un excellent avenir avant de finir poulinière vers six ou sept ans. Je soupire à ce mauvais souvenir. Il était clair que si j'étais restée là-bas, j'aurai fini ainsi. En même temps, j'étais la pouliche de l'un des meilleurs étalons du ranch et de la région où j'ai vu le jour donc bon... Je n'aurai été qu'un objet pour ces horribles humains. Un objet, leur servant à leur rapporter de l'argent.

En y repensant, à mon passé, à tout cela, je me rends compte d'à quel point les humains peuvent être stupides. À ma naissance, d'après eux, j'étais une "surprise" de la nature, du fait que ma mère ait toujours été présumée stérile jusqu'au jour où l'on m'a découverte entre ses jambes. Puis en grandissant, peu à peu, je suis devenue la tête de mule. Celle dont tout le monde a peur parce qu'elle charge, mord. Tout ça dans le but de me défendre. Ça n'est pas méchant bien entendu mais, après tout, c'est de leur faute, à eux. Lag me parle ainsi de ce à quoi les humains l'avaient destiné. Il parle de saut. Est-ce cette chose dont l'horrible fille du ranch parlait ? Du haut de mes quatre ans, à part ce qui concerne le western, je ne connais rien d'autre. - Au risque de paraître idiote.. Le saut, qu'est-ce que c'est ? Une discipline ? Je me sens bête, mais j'espère que Lag comprendra que cette chose dont il parle n'est pas du tout de mon domaine.

Je n'ose plus trop regarder l'étalon en face. Quelle idiote je fais maintenant ! Devrais-je lui expliquer le pourquoi du comment ? Cela me semble être une bonne idée, mais avant, je l'écoute m'expliquer ce qu'est le saut ainsi que le dressage. Et je trouve ça totalement absurde. Peut-être parce que je n'ai jamais essayé ? - Je t'avoue que je trouve ça assez.. idiot. En fait, je fais du western, tout ce qui est barrel race, pole bending, cutting, un peu de trail et même du reining ! Enfin, ma nouvelle propriétaire m'en a faite pratiquer après avoir réussi à me mettre en confiance.

Je suis un peu surprise lorsque Lag me dit avoir essayé le barrel race la veille, mais après tout, à chacun ses/sa discipline(s) ! - C'est vrai ? souris-je avant de poursuivre : Le barrel c'est l'une des disciplines plutôt.. Simples mais il faut être agile pour ne pas se prendre les tonneaux.

J'approuve d'un signe de tête. - J'ai commencé il y a peu, personnellement, quand Jazz, ma propriétaire, m'a débourrée correctement, contrairement à mes anciens propriétaires. Le western, en effet, présente un grand nombre de disciplines toutes aussi diverses et amusantes les unes que les autres, excepté le trail et le reining dont je ne suis pas très fan. - Ce serait amusant !