Joly et le pré, une grande histoire d'amour ♥

Le cheval bai se grattait contre un arbre quand il entendit ce sifflement si familier désormais. Il finit son occupation en une vingtaine de seconde et trottina jusqu’à la barrière ou l’attendait Alice. Celle-ci lui caressa chanfrein longuement avant de sortir de sa poche une pomme qu’elle lui donna.

« J’ai enfin convaincue mes parents pour t’avoir en demi-pension… Enfin, pas tout à fait. Ils ont peur que je ne m’en sorte pas avec toi, parce que j’ai trop d’examens… Du coup, une autre fille va payer la pension. Elle sera sympa avec toi, et puis elle monte bien… Tu pourras faire pleins de choses avec ! »

Joly ne comprenait pas tout ce qu’elle disait mais il s’en fichait bien. Tant qu’elle ne le quittait pas, il était heureux. Comme il commençait à s’ennuyer un peu de ces caresses, bien qu’il apprécie, il retourna manger l’herbe fraiche près de la clôture. La jeune fille alors s’approcha de lui et se hissa sur son dos, avant de s’y coucher. Elle resta ainsi pendant une heure avant de repartir, laissant le cheval galoper en toute liberté.

(Suite résumé au box)
Mais à mon plus grand plaisir, la porte se rouvrit et désormais aux ordres de ma jockey, nous allions vers les prairies. Quel bonheur ! J'avais hâte ! Je trépignais d'impatience mais chaque remise à l'ordre fut bien plus délicate ou enfin, plus douloureuse. Après avoir tenté deux rébellions, je m'arrêtais là. Je rentrais dans une prairie avec la jeune fille, une fois les barrières fermées derrière nous, elle retira le chifney et à moi la liberté. Je montrais encore toute l'énergie dont je débordais. Et....


Alors que je me défoulais, je ruais, cabriolais en tout sens lançant mes sabots partout dans les airs un à un. Je m'arrêtais d'un coup, les jambes écartées, l'encolure bien relevée et mon regard fouillant les alentours. Je remarquais très rapidement le cheval dans la prairie d'à côté et je devins fou. Je commençais à galoper le long de la clôture qui séparait nos deux prés.

- Hé, toi ! Oui, toi, là-bas !

Exténué pendant un moment, je m'arrêtais pour le fixer et je hennissais à en perdre haleine pour qu'il vienne vers moi, fière de me montrer et de me faire remarquer, tel l'étalon que j'étais.

Alors que l'étalon bai était en train de déguster l'herbe tendre, il vit un autre étalon alezan en train de se défouler dans le pré d'à côté. Il ne fit pas attention à tout ce grabuge et continua son occupation. Puis, son camarade l'interpellait :

" Hé, toi ! Oui, toi, là-bas ! "

Joly leva la tête pour observer l'alezan galoper près de la clôture qui les séparait. Il fut tenté d'y aller, mais finalement, il replongea son museau dans la nourriture, avant de le relever pour finalement voir l'autre étalon. Il répondit par un hennissement puissant et s'approche au petit trot, l'encolure arqué et la queue en panache. Hors de question de se laisser dominer par lui ! Il souffla dans ses naseaux et se présenta, fièrement ;

" Joly Jumper, et toi ?"

Mon interlocuteur leva un instant la tête pour la replonger de si tôt dans l'herbe grasse des prairies d'Equid Competition. Osait-on me nier ? J'en éprouvais une soudaine colère. Je fis demtour sec et partit en ruades, je revenais alors près de la barrière dans un triple galop pour faire un arrêt en dernière minute à quelques millimètres de la clôture, les oreilles plaquées contre ma nuque.

Enfin, l'autre étalon daigna me donner de l'attention. Je grattais nerveusement le sol avec mon antérieur gauche, le soulevant bien haut. Le cheval bai se présenta, il s'appelait Joly Jumper.

- Je suis Deidara, fière cheval de course. Et toi, que fais-tu ?

Je restais un moment immobile, hormis ma queue qui fouaillait l'air et les rares mouches et j'observais l'étalon en face de moi.

Malgré que ce soit un étalon, Joly n'aimait pas entrer en compétition avec ses camarades. Il préférait faire des rencontres calmement. Cependant, son calme disparaissait à la moindre provocation. L'attitude de l'alezan, ce manque de calme probablement, commençait à l'agacer.

"Je suis Deidara, fière cheval de course. Et toi, que fais-tu ? "

Le bai ne voulut pas montrer son manque de confiance, en voyant l'étalon qui était fier d'être un cheval de course. Lui, ne faisait pas grand chose, un peu de travail à pied, de dressage, de saut et de cross, mais avant tout, il était dans son pré, à galoper librement et à faire des rencontres. Alors, il répondit comme si c'était une évidence ;

"Je fais du travail classique, comme du saut d'obstacle et du dressage. *pause* Je ne suis jamais allé sur un hippodrome, mais j'en est entendu vaguement parler. Comment est ce ?"

Je lâchais un grand soupire, mon regard se perdant dans la contemplation des alentours en attendant la réponse de mon interlocuteur et lorsque celui-ci reprit la parole, je tournais la tête pour le regarder. Du travail classique... Encore un. Personne ici ne faisait donc de courses ? Que c'est étrange !

- C'est dur, mais tellement gratifiant lorsqu'on gagne des courses. Et puis, pendant un moment.. On se sent comme libre.

Oui, libre, si on oubliait notre jockey sur le dos, ses mains dures qui tiraient sur les rênes, le tout se répercutant dans ma bouche devenue béton. Et sur ces pensées, je secouais la crinière sur mon encolure.

- Tu es ici depuis longtemps ? Je viens presque tout pile d'arriver, personnellement.

L'étalon bai regardait avec envie Deidara, qui semblait réellement aimer les courses. Et puis, ce serait bien de se sentir libre. Il s'imaginait, sur un hippodrome, galopant à toute allure, gagnant la course loin devant les autres chevaux. Et là, la foule l'acclamerait. Enfin, peut être, il ne savait pas comment ca se passait mais on lui avait dit que ça se passait comme ca.

" Tu es ici depuis longtemps ? Je viens presque tout pile d'arriver, personnellement.

-Quelques mois je crois... Je ne sais pas trop, je pense tout mon temps dans le pré, en général. Bienvenue, on est bien ici. Enfin, quand t'a un bon cavalier. C'est le cas ?"

En attendant la réponse de Deidara, joly jumper se gratta la nuque avec son postérieur et mâcha quelques bouts d'herbes.

- Tu as de la chance de passer tout ton temps dans la prairie ! De mon côté, j'y ai passé un bon moment mais là, ça fait quelques jours que je dois reprendre du service. On m'a emmené ici mais y a vraiment trop de choses qui changent là... Je me demande bien quand sera la prochaine course et quand j'aurai quelques palefreniers plus compétant que cette fille que je dois trimballer partout...

Petite pause, je regarde l'étalon devant moi, puis les alentours.

- Un bon cavalier ? Ben, ça change presque toujours, d'habitude ! Pas toi ? J'ai fini par aimer et m'habituer à tous ces changements. Je suis un cheval sans attache...

L'étalon le regardait avec intérêt, trouvant fascinant la vie de ce cheval de course.

"Effectivement, j'ai beaucoup de chance. Tu va bientôt t'habituer, tu verra. Pour ma part, des journées dans le pré et je me suis senti comme chez moi ! *pause* Mais tu as plusieurs personnes qui s'occupent de toi ? Un palefrenier, et...un jockey ?"

Il s'arrêta un instant pour regarder un cheval qui partait dans la carrière en bas. Il y avait un parcours d'obstacle. Le cheval, déjà échauffé dans le manège, fut directement mis au galop avant d'être dirigé vers les obstacles. Il sautait avec une parfaite aisance.

" Je déteste quand j'ai plusieurs cavaliers, je ne supporte pas ! Trois maximum, et encore, sinon je pète un câble. Ça me rappelle bien trop le fonctionnement du centre équestre, et j'en ai un très mauvais souvenir. Mais tant mieux si ça ne te dérange pas ! "

- Pour le moment, je n'ai vu qu'une seule fille... celle qui m'a emmené jusqu'ici. Elle se prenait pour un jockey là-tantôt mais elle est tombée car on ne m'a pas tenu pendant qu'elle essayait de me grimper dessus...

Soudainement, cette période de ma vie, celle où je courrais dans les courses mais semblait un peu révolue. Quelque chose avait changé depuis ces deux derniers jours mais j'aurai été dans l'incapacité de dire en quoi exactement. Enfin, si, je me sentais comme un peu... abandonné. Entouré d'une incapable... Alors que j'étais habitué aux professionnels, froids et distants, mais compétents.

- Un centre équestre ???

Incrédule, je devais tirer une drôle de tête. Je ne comprenais pas très bien son charabia... Décidément ! Tous ces chevaux ici avaient un langage bien à eux !

On ne l'a pas tenu ? Le selle français ne comprit pas sur l'instant, lui ne bougeait pas au montoir. Comme n'importe quel cheval bien éduqué, normalement, non ? Puis il se souvint que les chevaux de course avait tendance à chauffer très vite et il fallait constamment les tenir pour qu'ils ne partent pas au galop sur l'hippodrome. Il avait du mal à imaginer le cheval devant lui, calme pour le moment, partir comme une fusée dès qu'il voyait la piste.

" Un centre équestre ???"

Deidara ne connaissait donc pas les centres équestres, la terreur de l'étalon bai. Ce dernier dût alors lui expliquer :

" C'est un endroit ou pleins de gens arrivent, des petits qui crient, principalement deux jours dans la semaine. A chaque fois, tu vois de nouveaux cavaliers, tu ne connais pas la plupart, ils te prennent, te brossent en deux minutes seulement, te mettent une selle sur le dos et t'emmène dans une carrière. C'est horrible, certains te tirent dans la bouche, rebondissent dans ton dos, te donnent des coups de talons tout en demandant l'arrêt... Et personne ne fait rien ! De plus, tu peut même faire plusieurs heures de suite. "

Le souvenir de cet endroit qu'il considérait comme horrible, presque maléfique, le fit frissonner. Il voyait encore son départ dans le camion puant. Il sentait d'ailleurs toujours l'odeur et ressentait la peur, comme ancré en lui à jamais.

J'écoutais l'explication de mon interlocuteur avec grand intérêt. Il était un peu temps que je m'informe un peu sur ces lieux tellement particulier pour moi ! Peut-être cela me serait-il utile ? Cependant, au fur et à mesure que venait l'explication, je ne pus m'empêcher de faire une ressemblance avec le monde des courses... De la manière dont il le disait. Il arrivait des jours où Deidara n'était pas brossé. Il n'en avait de toute façon pas vraiment besoin pour deux minutes à peine à courir tous les jours... Les jockeys sur son dos, il y faisait à peine attention. Bien sûr, il ressentait souvent une différence d'un à l'autre mais ceux-ci n'arrivaient qu'une minute avant de monter pour redescendre et ne plus rien faire d'autre ensemble... Aucun attachement, c'était inutile.

- Et ? à quoi cela sert-il ??

Je n'en voyais aucune utilité. Pourquoi les humains feraient-ils cela ? Surtout, je ne comprenais pas pourquoi ils devaient parfois des heures de suite...

A quoi cela servait ? Joly jumper ne se souvenait plus exactement. Un vieux cheval, qui par chance, partait en retraite dans un pré et non à l'abattoir, lui en avait parlé, du but d'un centre équestre. Sur le coup il ne s'en souvint pas.

" Je ne sais plus, honnêtement je ne vois pas d'intérêt.*pause* Sinon, tu viens d'ou ?"

Peut être que Deidara venait d'un pré, ou sa mère était tranquille, ou au contraire, dans une grande écurie, ou sa mère était une championne ou une grand poulinière. Le SF n'avait pas des champions comme parents, aussi loin qu'il s'en souvienne.
Tout d'un coup, il se souvint en quoi consistait un centre équestre et décida de partager ses pensées avec l'étalon ;

" Ah oui ! C'est pour que les bipèdes apprennent à monter sur nous... Le problème, c'est qu'au début, ils ne savent rien faire, et en attendant qu'ils aient un bon niveau, on subis."

Je fus bien triste de ne pas connaître la véritable utilité de ce genre de "centre". Aussi fis-je mine de ne pas être trop déçu de la réponse peu fournie de son interlocuteur qui, lui, se remit directement d'aplomb pour parler d'autre chose.

- Ha ! Et bien, je viens d'Angleterre, si je ne me trompe pas. Et toi ?

Et alors que j'attendais sa réponse pour savoir d'où il venait, lui revint en mémoire quelque chose qu'il lui semblait important de partager. Je le fixais, les sourcils froncés (si on peut dire qu'il en a mdr), prêt à l'écouter.

Je fus totalement abasourdi par ce qu'il me révéla là.

- Ha bon, tant que ça ? Mon dieu, que c'est atroce ! Mon pauvre ami ! Et... tu faisais quoi apart ça ? Que devais-tu faire exactement pour le leur faire apprendre ??

Joly Jumper avait posé la question des origines de Deidara sans se poser cette même question à lui-même ? D’où il venait ? Il se souvenait qu'il était dans un grand champ, avec sa mère. Elle était noir, ou bai, il ne savait même plus ! Puis il avait atterrit avec Mélanie.

Comme il connaissait l'étape qui venait après la petite fille, il se tira de ses pensées et répondit naturellement :

" Il me semble que je suis né en France, mais je n'en suis pas vraiment sûr ! "

Deidara ensuite sembla comprendre l'horreur des centres équestres et fit part de sa compassion envers l'étalon. Ce dernier était heureux qu'il le comprenne, même s'il n'avait pas vécu cela !

" Comme ici, on devait écouter les cavaliers... Enfin essayer. Vu qu'ils ne sont pas clairs ! Et quand tu ne veut pas faire le travail ou quand tu as un quelconque problème, il te font envoyer dans un camion puant la mort... Heureusement, les chevaux avec qui j'étais et moi même ont été mis dans un pré avant de continuer la route avec ce camion. Nous nous sommes enfuis et après, je suis arrivé ici. "

Il frissonna de nouveau, il avait tellement peur de ce qu'il lui était arrivé !

Ils s'étaient enfouis ? Je ne voyais absolument pas comment cela était possible. J'étais toujours entorué de centaines de personnes, de manière générale, sauf depuis son arrivée ici. Tout le monde à l'écurie était sans cesse sous surveillance, toujours des gens pour passer devant les boxs, donner à manger, brosser l'allée, enlever le crottin dans nos litières... Mais cela semblait, à nouveau,q uelque peu différent ici. Un peu moins assidû. Mais j'étais friand de chouettes histoires, aussi, je demandais à mon interlocuteur, la suite de son histoire ou, en tout cas, plus de détails.

- Et... Comment vous vous êtes échappés ??

"Et... Comment vous vous êtes échappés ??"

Joly se souviendrait probablement toute sa vie du sentiment d'euphorie et de liberté qu'il avait ressenti ce jour là. Il avait couru, suivant ses camarades. Il se souvient qu'il s'était finalement retrouvé tout devant, tous les chevaux étant paniqués. Ils avaient galopés, mêmes les plus vieux et les plus jeunes, jusqu'à que la terre soit trop glissante pour qu'il puisse continuer. Là ou ils étaient, il y avait une abondance d'herbe fraîche et surtout ; aucun humain.

Le lendemain, une vieille dame qui marchait sur un chemin non loin les aperçut. Elle s'approcha doucement. A son allure, elle semblait sympathique et respectueuse des animaux. Ce fut un vieux hongre de 28 ans qui se laissa caresser le premier, puis tous suivirent. C'était un bon moment. La vieille bipède avait le sourire aux lèvres, tandis que tous les chevaux se frayaient un passage jusqu'à elle. Ils se disputaient ses caresses. A les voir, on aurait presque dit qu'ils n'avaient jamais rien subis, qu'ils avaient toujours vécus avec cette vieille femme, et que toute leur vie s'était passée dans ce pré. Une vie simple, heureuse ainsi que merveilleuse.

" Il y avait de l'orage cette soirée là. Un poulain a eu peur d'un éclair, a paniqué et a cassé la clôture. Nous l'avons tous suivis. Il y avait des retraités, des jeunes poulains avec leurs mères, des juments en pleine gestation et des chevaux en plein milieu de leur vie, comme moi. Nous avons galopés jusqu’à que le sol soit trop glissant. On était dans un pré plein d'herbe, nous en avons tous profité. Le lendemain une vieille humaine est venue et nous a gardés pendant quelques mois, le temps d'apprendre à nous connaitre. Elle en gardée certains, et ceux qui avaient plein de vie devant eux, elles les a vendus. Voilà comment je suis arrivé ici."

(oups... j'avais oublié/pas vu )

Pendant que Joly parlait, et que je l'écoutais attentivement, me prit soudain l'envie de me coucher. Je grattais un peu le sol et à la moitié du discours de Joly, je pliais mes genoux sous mois et me laissait m'affaler au sol. J'espérais que mon camarade de l'autre côté de la clôture en ferait de même. Je levais la tête vers lui.

- Waaaw ! Et bien... Ca me tenterait bien d'avoir des histoires comme cela à raconter ! Et de vivre des aventures telles que les tiennes ! Tu ne regrette pas un peu ce moment avec cette dame et les autre chevaux ? Moi, je n'ai jamais vraiment pu vivre en troupeau... Seulement avec ma mère et après, quelques jeunes, mais on a vite été séparé....

Joly + 9
Deidara + 8