Blitz K. Z au box.

Après un long voyage, on venait de te rendre à la lumière. Elle avait été, sur les parois de ton van, d'abord tranchante et agressive et, comme pour te défendre, tu avais eu un brusque mouvement de recul, tirant de tout ton poids sur ta longe ; paniquée. Mais que se passait-il ? Le temps semblait s'être suspendu, et seul le bruit de tes sabots claquant sur le sol te parvenait encore, tes oreilles plaquées en arrière. Mais du fond de cette peur qui te dévorait te parvint une voix, douce et chaude. Cette même voix que celle qui t'avait convaincue de monter dans cette boîte roulante. Soulagement. Tes muscles se décontractèrent, tes membres, eux, s'immobilisèrent. La jeune femme se glissa alors vers ta tête, te parlant tout bas, te murmurant ces mots qui t'apaisaient, qui faisaient que tu avais confiance en elle et que ton enfer prenait fin. Doucement toujours, ses mains glissèrent sur ta longe, te délivrant. Tu reculais. Mais était-ce de sa main chaude posée sur ton poitrail ? Ou seulement parce que ton instinct régnait sur ton être ? Peu importait : tu savais seulement qu'enfin, tu t'échappais de cet endroit.

Pourtant, ce fut de nouveau un choc. Haute et fine, tu avais posé tes grands yeux sur les bâtiments qui s'étiraient à perte de vue devant toi. Non, ce n'était pas chez toi. Mais elle était là, encore, juste à côté de toi, à te parler calmement, comme si elle avait de quoi te protéger. Elle te caressa l'encolure et ta peau frémit. Ainsi, c'était là que, désormais, tu vivrais ? Sans vraiment comprendre, tu la suivais, l'encolure droite et la tête haute. Tu étais seule dans les allées, et si quelques chevaux occupés des box, ils ne semblaient pas se soucier de toi. Bientôt, elle te fit entrer dans une stalle. Des pommes découpées en quartiers t'attendaient dans ta mangeoire et, sans attendre, tu les dévorais, alors qu'elle t'enlevait ton licol.

« Là Blitz, c'est bien, tu es une bonne fille. »

Dédaigneuse, tu te contentas de tourner une oreille vers elle, tes yeux ne regardant que la porte d'entrée de laquelle te parvenait la lumière du jour. Pourquoi ne pouvais-tu plus galoper dans tes vastes prairies ? Pourquoi ne reconnaissais-tu plus aucun équidé ? Il s'était séparé de toi, il n'était plus là. Blessure. Qu'allais-tu devenir, sans lui à tes côtés ? Lui qui avait été si bon, si doux et si aimant envers toi ? Oh, tu n'en savais rien ! Tu n'en savais rien, mais elle, elle était là, à te regarder de ses yeux clairs, comme si tu étais la seule encore vivante. Attendait-elle quelque chose ? Un hennissement, un geste ? Tu lui tournas le dos, tes oreilles s'aplatissant une fois de plus sur ton crâne.

« Viens Alice, laisse la tranquille : le voyage a été long et éprouvant. »

Le jeune homme qui l'avait rejointe semblait l'avoir convaincue, et déjà, elle se retournait. Tu étais maintenant seule. Ni peur, ni colère ne grondait plus en toi. Tu attendais juste, impatiente de découvrir ce qui allait maintenant t'attendre, toi, Blitz K. Z.